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Émilie Janiaud — La porcelaine est une lumière

  • agnesfayet
  • 27 oct.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 28 oct.

Dans l’atelier d’Émilie Janiaud, la lumière ne se contente pas d’éclairer : elle respire, elle prend vie, elle s’anime parfois au souffle du vent.


La lumière s’invite dans la porcelaine, la traverse, s’y dépose comme un secret. Le geste d’Émilie est lent, mesuré, presque silencieux. Elle semble écouter la matière avant de la façonner.


Ses mains recherchent la justesse, façonnent avec précision. La porcelaine-papier qu’elle travaille — si fine qu’on croit y voir passer un souffle — se plie à la fragilité du geste. C’est une matière paradoxale : délicate et tenace, diaphane et solide, vulnérable et résolue. Sous ses doigts, elle devient l’espace d’expression de la lumière, une peau fine et blanche où la clarté s’attarde.


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« Lumière, transparence, présence », écrit-elle sobrement sur son Instagram. Ces trois mots constituent son atelier intérieur.


Dans le silence, on croit entendre parfois le craquement du séchage, le murmure du feu qui a toujours le dernier mot. Chaque pièce semble naître de la patience : un bol, une forme ouverte, un fragment, une cuillère, une assiette. Tout un monde émerge, en marge de l’utile, en plein dans le bel original, inspiré par la nature dans sa complexe simplicité. Rien d’ostentatoire, tout est mesure et souffle. L’œuvre d’Emilie n’impose pas. Elle propose d’être regardée, doucement, comme on apprivoise un instant de paix.


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Lorsqu’elle expose — récemment lors de Brussels Design September, dans une installation intitulée La porcelaine s’illumine —, on découvre un travail équilibré d’équilibriste. Les formes se répondent, le vide dialogue avec le plein. La lumière n’est plus un simple effet : elle devient matière. Chaque pièce, fine et forte, tient debout par la seule grâce de sa fragilité. Et ce n’est jamais sans humour qu’Emilie aborde ses prolongements d’elle-même qu’elle expose au grand jour.




Dans son atelier de Dilbeek ou à l’atelier Paloke où elle enseigne, Émilie façonne aussi des liens. Elle transmet son savoir-faire patient à celles et ceux qui viennent à ses côtés apprendre à modeler la porcelaine-papier. Le geste partagé devient conversation. Entre les doigts des participants, la matière parle un autre langage : celui de la lenteur, de l’attention, du retour à soi. Un bien précieux.


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Un de nos podcasts lui est consacré : "Modeler la transparence". On y entend sa voix, la respiration du lieu, l’empreinte des outils. C'est une invitation à découvrir son univers artistique, ce qu'elle façonne autant que ce qui la façonne dans un objectif de pureté, de légèreté... de transparence: des bolées traversées par des animaux, des tasses équipées pour une évasion, des cuillères porteuses d'un monde entier, des tasses diaphanes et végétales...


La parole d’Émilie ressemble à sa porcelaine : claire, posée, transparente mais aussi joyeuse et dynamique, passionnée et généreuse. Elle évoque la lumière, la simplicité, l’art du peu — cette manière rare de laisser les choses exister sans les contraindre. Et l’on se rend compte à quel point son œuvre est imprégnée d’elle-même.

Ses pièces ne racontent rien : elles suggèrent. Elles se tiennent là, légères, offertes à la lumière du jour, à celle de la bougie ou à celle de l’électricité lorsqu’il s’agit des lampes imprégnées du pincé de la porcelainière.


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La farandole des objets façonnés par Emilie ne cherche pas à briller. Juste à laisser passer l’éclat du monde.


Dans un temps où tout s’accélère, Émilie Janiaud nous invite à ralentir. À regarder de près. À écouter ce qui se tait. Sa porcelaine est une respiration, une façon de rappeler que la beauté réside bien souvent dans ce qui menace de disparaître.


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